MAGMA

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#reclaimtheclimax

espaces limités

«That’s really what this multi billion dollar industry is all about, isn’t it? Inner beauty.»

The devil's wear Prada, 2006

06h44 et 47 secondes dimanche 5 juillet, la lune monte au matin ronde comme une soucoupe. A ce moment-lĂ , MAGMA, et ce sera pareil Ă  chaque pleine lune. Cette newsletter nous la menons en manque. En manque de dehors, en manque d’espace, en manque de fusion, en manque d'autres, en manque de bestioles, en manque de bouillons, en manque. En manque de cette chose qui brule, fond, se tord, se retourne, ce magma, cristaux, gaz dĂ©goulinants, emporte, transporte tout sur son passage, en manque de ce sol qui brĂ»le. Et c’est ce que nous voulons.

A chaque lune, lĂ , en manque, sans « savoir », dans cet espace oĂč il n’y a plus ni quand, ni pourquoi, dans cet espace oĂč on sue, dedans comme dehors, un espace d'Ă©crans brisĂ©s qui flottent comme des vitres cassĂ©es, Ă  perte de vue, en suspension. Un espace qu'on sent comme un fruit, le nez plongĂ© dedans. Un espace d'expĂ©riences, divers, un espace avec des rythmes et des cicatrices, un espace qui ne serait pas sĂ©parĂ©. Un espace de bestioles. Un espace de science-fiction pour les Ăąnes et les cochons, de modes indĂ©finiment recomposĂ©es, un espace dans lequel on trempe, un espace de pilules, un espace qui pĂ©tille, oĂč on invente sans "savoirs" et sans pourquoi.

Avec la lune qui monte lĂ  disque d’opale Ă©clairer d’ombres gothiques les rues qui se muent en passes mentales, les Ă©difices en visages de spectres extatiques, d’oĂč s’échappent le chant des rats qui couinent dans les Ă©gouts et d’oĂč croulent des fenĂȘtres des piles d’assiettes cassĂ©es au ralenti qui tombent en poussiĂšre blanche sur les passants Ă©garĂ©s. Augmente le contraste. Augmente le son. C’est dans la nuit que je veux voir. C’est dans le noir que je veux habiter. Je veux que les objets m’entourent comme les arbres dans un paysage, suintant, grinçant, tordu et moi qui me mord les lĂšvres, une vie en pente, une vie haletante, je veux inventer la rue. Je veux voir la rue saturĂ©e de corps Ă©rotisĂ©s Ă  l’extrĂȘme, une rue ou toute chose est pensĂ©e, vivante, faites, non nĂ©gociĂ©e, une rue ou le crime est un plaisir et oĂč rĂŽdent en fantĂŽme des ĂȘtres neufs et affamĂ©s. OĂč le tremblement des pavĂ©s et des arbres sonnent comme un tambour, je veux voir une rue, un ruisseau, un parking, un bois ou je peux m’inventer. Je veux m’inventer. Je veux une rue oĂč soit convoquĂ© le dĂ©sir de l’autre, d’ĂȘtre autre, d’ĂȘtre avec l’autre. Je veux ce coin d’ombre oĂč aller pisser, relever ma jupe, Ă©clabousser mes pieds, me shooter entre deux caisses et chanter. Je ne veux pas ĂȘtre dĂ©signĂ© au grand jour, je veux sortir ma langue et la planter dans une bouche au hasard, je ne veux pas des bonnes actions, de la politesse, de la gentillesse, de la biensĂ©ance. Je ne veux pas ĂȘtre sĂ©lectionnĂ©, je ne veux pas des choses que l’on peut dire et des choses que d’aucun ont dĂ©cidĂ© qu’elles Ă©taient inconvenantes ou dĂ©placĂ©es, je veux ĂȘtre Ă©clairĂ© par le feu. Je veux ĂȘtre une bestiole. Je veux que l’amour suinte sur les murs avec des gouts de terres et de pailles et de culs et de fromages et de toute une panoplie de vinaigres. Je veux me promener dans la rue comme sur une bite tendue Ă  l’extrĂȘme. Je veux ĂȘtre noyĂ©e de plaisir. Je ne veux pas ĂȘtre distinguĂ©e, repĂ©rĂ©e, classĂ©e, compartimentĂ©e. Je ne veux pas faire partie des statistiques. Je veux que la grasse me colle Ă  la nuque.

Je sĂ»re qu'il faut continuer Ă  distinguer des "corps" en fonction de leurs apparences, de leurs odeurs, de leur style, de la maniĂšre dont ça fruzze et se plie, dans l’ombre, dans le soir, dans tous les sens, de ce qu’ils sont et de leurs appartenances, et si les personnes qui les animent, ces corps, ces trucs, ces organismes fluides en parlent en les plaçant dans des catĂ©gories, welcome, le soulignent d’eux-mĂȘmes, parce qu’ils perce qu’elles le veulent tu dĂ©cides mais je ne suis pas sĂ»r qu'il faille encore systĂ©matiquement distinguer, relever, compter, mesurer Ă  priori, mettre en catĂ©gories, peser ou « ĂȘtre critique », je ne veux vraiment pas faire partie d’une statistique, d’une quelconque performance du langage, d’une cote, du rĂ©sultat d’un test. Il semble que tout cela devrait dĂ©finitivement appartenir au siĂšcle dernier et rester lĂ . Je ne veux pas de ces univers contrĂŽlĂ©s par des universitaires hyper spĂ©cialisĂ©s, je veux que le sang se mĂ©lange Ă  la biĂšre. Je veux ĂȘtre aussi important qu’une chienne ou qu’un vers, aussi beau qu’un arbre, je veux que mon corps sois vulgaire et populaire et torride, je veux me rassasier de ce que je projette sur lui, mon corps elle m’appartient et elle appartient Ă  l’histoire des mondes, pas Ă  quelques diplĂŽmĂ©s. L’arrogance ce serait mieux comme nom pour une riviĂšre.

Je ne vais pas ĂȘtre poli, je ne vais pas ĂȘtre dĂ©signĂ© et si je suis fĂ©ministe, mon fĂ©minisme sera vulgaire, mon anti-racisme populaire, mon « cuir » nourri de cicatrices et de contradictions, il ne sera pas publiĂ© au puf ou Ă  harvard, il sera lĂ , Ă  table, au lit, aux chiottes, maintenant. Il sera lĂ  avec mon envie de voir tourbillonner des oiseaux et de rencontrer des terres et des fruits et des vins et des trucs. Mon envie sera plongĂ©e dans le dĂ©cor comme un accident.

Et bien sĂ»r que ma dĂ©cision sera cultivĂ©e, je ne suis pas une amibe, je veux du pouvoir parce que je veux pouvoir parce que je veux des capacitĂ©s, je veux pouvoir faire, pas diriger. Je veux du sombre, de l’échange, des incompĂ©tences partagĂ©es, je veux ĂȘtre multiple et drĂŽle. Flou. Je veux ĂȘtre immature et je veux respirer.

Et bien sĂ»r que ma dĂ©cision sera cultivĂ©e, je ne suis pas une amibe, je veux du pouvoir parce que je veux pouvoir parce que je veux des capacitĂ©s, je veux pouvoir faire, pas diriger. Je veux du sombre, de l’échange, des incompĂ©tences partagĂ©es, je veux ĂȘtre multiple et drĂŽle. Flou. Je veux ĂȘtre immature et je veux respirer.

Quelle est, Ă  ton avis, la plus haute, la plus forte, la plus importante des institutions au monde? C’est quoi l’institution que comprend toutes les cultures, tous les pays, concerne absolument tout le monde, d’une maniĂšre ou d’une autre, sur cette putain de terre? Je vais te le dire: l’institution la plus importante au monde est le mariage. Cette institution oĂč l’on transforme un ensemble de sensations et de dĂ©sirs en un contrat du « vivre ensemble » et qui se noue par une alliance. L’objet. Le contrat. La parole. Je ne suis pas un alliĂ©. Je laisse les alliances aux politiciens, aux bijoutiers et aux gens de la guerre, je ne suis pas un contrat, je suis juste lĂ , juste lĂ  pour gouter, pour renifler, pour voir, pour sentir, pour bruler.

Je suis sĂ»r de mon dĂ©gout pour les images de cette pourriture de flic qui assassine Georges Floyd les mains dans les poches, et ces images sont aussi, et ça j'en suis sĂ»r, mon histoire. Parce que mon histoire est racontĂ©e dans ces images. Mais mon histoire m'appartient autrement joyeusement et abruptement et grossiĂšrement et comme quelque chose que je dois raconter. Mon histoire je veux l’inventer, je veux qu’elle se dissolve dans toutes les histoires comme une pastille effervescente, mon histoire n’est pas une publicitĂ© ou un discours. Il est hors de question que je participe de la victimisation. Je participe de l'horreur, je participe de la merde et de l'enfer, je ne participe pas des catĂ©gories dĂ©gueulasses que je ne veux pas, que je n'ai pas choisie et que je peux sans doute vĂ©hiculer malgrĂ© moi
 tout le siĂšcle dernier a Ă©tĂ© fait de "critique" ... tout le monde a « critiquĂ© » ... a pris de la "distance", a raisonnĂ© tant et mieux. Je n’ai pas raison, je ne porte pas de flambeau mais je veux ĂȘtre touchĂ©, profondĂ©ment, je veux ĂȘtre pĂ©nĂ©trĂ©, je veux ĂȘtre contre, tout prĂšs, investi et sans aucune distance. Je veux ĂȘtre Ă  l’intĂ©rieur. Je ne veux pas que mon Ă©ducation me permette de dĂ©passer mes impressions premiĂšres, mes sensations, mon envie de trembler, de m’évanouir, de plonger. Mon histoire est racontĂ©e par Cornell West autant que par Bret Easton Ellis, Flannery O’Connor ou Alexandra David Neel ou Judith Butler, mon histoire est racontĂ©e dans les films de Clint Eastwood autant que dans « sweet sweet back » et elle ne dĂ©pend pas seulement du fait que j'ai le teint pĂąle et une saucisse entre les jambes. Elle dĂ©pend aussi de ce que j'ai traversĂ© et de ce Ă  quoi je suis sensible et je sais que j'ai traversĂ© avec « ce truc » et que j'ai Ă©tĂ© sensible avec ce teint, mais ce n'est pas lĂ  mon rĂ©sumĂ©. Ce que j'ai goutĂ© bu lu vu, lĂ  oĂč j’ai Ă©tĂ©, qui j’ai rencontrĂ©, tout fait mon histoire. Mon histoire dĂ©pend autant de mon ventre que de ma tĂȘte ou de mes jambes. Elle dĂ©pend aussi de ce que j'aime, de tout ce que je ne comprends pas, pas seulement de ce que je peux reconnaitre. Parce qu'il y a cette chose que je refuse absolument : la merde fasciste de flic entrain d'assassiner Georges Floyd les mains dans les poches n'est en RIEN mon miroir, il est le miroir du systĂšme et qu'il ait le teint pĂąle, une zwan entre les jambes, que ce soit un ouvrier, et peut ĂȘtre un fils d’ouvrier, rien, absolument rien ne fait de lui mon semblable !

Mon semblable hurle Ă  la pleine lune et la pleine lune, c’est maintenant. Et Ă  chaque cycle le festival se crĂ©e, s'approche, en expĂ©riences, en troubles, en organisations, se diffusant comme un thĂ© dont les parfums se rĂ©alisent en images et propositions, en musiques, celles qui sonnent au loin, celles qui aboient, celles vers lesquelles on va.

samz
samz samz
samz samz
samz

A tensions égales, aires égales, airs, un tas de trucs.

Faire dehors, rĂ©clamer la rue. Faire des fautes juste parce que ça rime. Je fais devant chez moi, comme chez moi, des fautes et des trucs, bienvenue, bienvenue, je fais devant chez moi, c’est mon pĂ©rimĂštre, je fais devant chez moi, je ne suis pas plus au-delĂ , peut ĂȘtre dĂ©connectĂ©e, peut-ĂȘtre alignĂ©e, peut ĂȘtre pleine de gĂ©omĂ©trie, je fais devant le scandale, le pain du matin, joint, bain, sain, malade, je fais devant chez moi comme un.e chien.ne. Je fais quelque chose. De hors quelque chose.

J’ai fait des pĂ©rimĂštres dĂ©limitĂ©s, des espaces de 1m50 de cĂŽtĂ©. Je les ai reliĂ©s. Il n’y avait personne dans ces carrĂ©s, Ă  part moi.
On met un pied dehors et ça suffit. Est- ce qu’on peut envisager de crĂ©er un contact avec les voisins, autre que le moment des applaudissements ? Par exemple des espaces creux et habitĂ©s Ă  15H ?

Faire un pas de plus ,Travailler l’extension, l’expansionnisme abstrait, pas de territoire, on glisse, on prend rien Ă  personne, que ses yeux, mais plus la bouche, non plus le nez. N’est-il pas fabuleux de voir avec quelle facilitĂ© nous pouvons maintenant soutenir des regards car c’est tout ce qu’il reste Ă  voir, de nos visages ?

On a attendu que ça interpelle, au final il vaut mieux avoir le dos tournĂ©, il aurait peut-ĂȘtre fallu tisser des choses avant.
Les gens, c’est eux, c’est les autres, et bien les gens ils ont quand mĂȘme peur. MalgrĂ© les cercles de sĂ©curitĂ©, cerclĂ©s par de simples traces au sol.
Au moins ils disent bonjour. Ils sont plus attirĂ©s par des gens assis sur le trottoir que par des berniques qui hurlent Ă  la mer. Il faut sortir ses yeux aussi. Les gens n’en sont plus dĂšs qu’on peut dire nous. Pas eux.

La sensibilitĂ© reste un mystĂšre. Mettre son champs de vision en tuteur, la tĂȘte fixe, droit devant soit, pas de contact ni de lien, tu m’en envoies beaucoup, des nouvelles.

On a créé un espace sain, on a créé l’espace de devant, on a essayĂ© d’ĂȘtre furtifs, on a essayĂ© d’ĂȘtre ensemble de loin, mais pas trop, reliĂ© dans la tĂȘte, dans le cƓur, Ă  heure fixe. C’est pas mal dĂ©jĂ . Les espaces limitĂ©s, puisque c’est ça maintenant. Le prĂ©sent, l’avenir du prĂ©sent pour un petit moment. Labyrinthe dans les commerces, c’est ludique, c’est rigolo. Mais c’est sain ou pas, ça?

Dedans la maison, de dedans la tĂȘte, on part de dedans la maison Ă  dedans le trottoir, dehors pour donner un peu plus que sur la toile.

Qu’est ce qui est sain ?

On voit encore sain, c’est Ă©quilibrĂ©. On dit, vous les droguĂ©s, vous n’allez pas dire que vous ĂȘtes malsains.
Je suis d’accord, ok d’accord.
Et aussi. Je ne suis pas d’accord, Je ne trouve pas sain de devoir fuir pour m’éclater la tĂȘte. Je regarde le plafond, je ne trouve pas sain, la mĂąchoire compactĂ©e, pendant des Ă©ternitĂ©s. Peut-ĂȘtre pas fuir. Amplifier.

Est-ce que je fais mĂąle les choses, ou bien le mal ?

Oui ensuite, j’avais l’impression moi aussi que c’était sain de vivre le temps mort. C’est fabuleux d’avoir trouvĂ© tout ça, ce temps il est Ă  moi, personne n’attend rien de ma part, mon temps pour moi, mon temps Ă  mort. Pour moi ? Le temps est mort, que vive le moi.

Et mon corps meurt comme le temps, la fatigue l’ennui tout ça. Je vais pour ĂȘtre saine, jardiner. Attend. C’est sain ? C’est sympa. Mettre les mains dans la terre, les bĂȘtes, les machins, regarder mes plantes pousser. Attend quoi ? Je regarde mes plantes pousser. Je vois littĂ©ralement mes plantes pousser. C’est de la sculpture.

Le temps s’est dilatĂ© Ă  ce point tel, que je vois pousser littĂ©ralement les tiges et les fleurs.

L’arĂŽme Ă©tait Ă  moitiĂ© mort au dĂ©but. Je peux dire, oui je le dis, j’ai vu ses sept fleurs pousser, passer de l’état de pousse, Ă  tige, la fleur s’en dissocier, et s’épanouir, et grandir et s’ouvrir et blanchir et poudrer et le pollen tomber. J’ai regardĂ© ça.

Et en mĂȘme temps, j’ai pas vu tous les arbres fleurir. Tous ceux que j’attends depuis trois mois, de regarder les fleurs, parce que c’est sain, ça c’est sĂ»r, c’est la chose dont je suis sĂ»re, je suis si bien lorsque je regarde les fleurs qui poussent. Et les arbres, les saisons qui changent, le temps s’écoule et je sais oĂč je suis, dans le temps, sur le globe, avec les arbres. J’ai moi aussi un potentiel photosynthĂšse exponentiel.

Je regarde les bourgeons et je dis « plus que quelques semaines », je vois bien, le soleil monte et toi bientĂŽt, tu fleuri, dans quelques semaines. Je les ai tous oubliĂ©s. Les magnolias, mes grossesses, les prunus, tout ça. Je suis passĂ© rue d’Irlande et la clĂ©matite Ă  fleuri, elle a fleuri et je l’ai pas vu. Comme j’ai compensĂ© avec l’arĂŽme, ça va, c’est sain ? »

Y a le bananier lĂ , il a besoin de terreau, moi j’ai besoin qu’il grandisse, comme ça ma chambre c’est une jungle, une jungle c’est un Ă©cosystĂšme, un Ă©cosystĂšme s’équilibre = si je crĂ©e un Ă©cosystĂšme dans ma chambre, je pourrais manger des bananes.

Attend, non c’est n’importe quoi.

Si j’ai une jungle dans ma chambre, je serai contente, parfois, c’est tout. C’est sain de pas l’oublier, quoi c’est sain ça non ? De pas s’arracher les cheveux sur l’angoisse qui vient, de vivre un peu, de trouver une chose, une seule chose que j’arrive encore à faire, faire vivre les plantes à ma place. C’est sain, non ?

Et je chouine comme ça. Moi j’ai de la chance. Une maison, un bananier et un arîme.

adeline adeline
igor
marius wanda acab
fanny fanny

En janvier on est parti dans les pyrĂ©nnĂ©es, Ă  Larrau, tourner un film 16mm. On a dĂ©cidĂ© d’appeler le film, qui viendra, peut etre, OugrĂ©e 1924 Baxa Burria parce que ça n’avait vraiment rien Ă  voir avec ce que nous avions fait. On est parti Ă  l’invitation de Seydou Grepinet et Aude Anquetil, dans cette grange surplombant la vallĂ©e, au coeur des montagnes et vous savez, il y a encore des chevaux sauvages lĂ  bas. Ca nous a rendu fou d’enthousiasme. Le nombre de cascades et les plantes basses et grasses dans cet hiver qui peine Ă  prendre, tout ça nous a profondĂ©ment enivrĂ©. On a ramassĂ© de la terre et on s’est roulĂ© dans l’herbe, on a inventĂ© des dieux, fabriquĂ© des alcools, et aprĂšs quelques jours, il y a cette fille lĂ , belle comme une princesse dans un vieux conte, qui a accouchĂ© d’une chĂšvre. C’était beau.

Depuis dimanche, il n’y a plus de vie qui court dans l’appartement. Je suis au milieu d’une Ăźle dĂ©serte sans en connaĂźtre les contours ou la circonfĂ©rence, une solitaire exemptĂ©e des rumeurs Ă  l’exception de quelques aboiements et gyrophares Ă  peine perceptibles. Rappel Ă  l’ordre, c’est pas l’ocĂ©an lĂ  bas, mais c’est bien la pleine lune; les chiens ont sorti ce soir les sirĂšnes en laisse.
La place est abandonnĂ©e aux intermittences sonores et intĂ©rimaires brisant le bazar de la ville : flic rĂ©gulier et amende pour les premiers fĂȘtards, SDF, migrants, zonards, les autres. Les autres Ă  l’amende, ça va pas changer. Nouvelles zones d’étrangetĂ©, l’ordre est Ă  la force et Ă©trangle l’espace public. Va Mal. Le combat reprend, je me cale au coin du feu, je regarde le Minnesota et tout flambe.
C’est le dĂ©but de la disparition des jours de la semaine, le monde qui s’arrĂȘte, le stop gĂ©nĂ©ral, pas le droit de dĂ©placement. La cage des vieux mĂ©canismes perdure, tous pĂ©tĂ©s, ils parviennent faiblement Ă  mon insu, la mĂ©canique grinçante crĂ©pite et j’essaye de la dĂ©railler. C’est lourd, le poids de l’indiffĂ©rence, sereine, sans trop savoir ce qu’on peut y faire, participer avec la peur, les boules quand mĂȘme de se faire abandonner.
GO GO GO
Si je rate le grand dĂ©part? Y a quoi? On dirait la premiĂšre scĂšne du Titanic. Sucer la force de travail d’un produit pĂ©rimĂ© Ă  qui on ne cesse pas de faire remarquer qu’il n’a pas bon gout, dĂ©geux qu’on lĂšche pour retenir ses derniĂšres faveurs Ă  offrir.
Il est 12h37, c’est l’heure parfaite pour griffonner mes pensĂ©es contradictoires. Ce sont mes imprĂ©cises, elles me viennent tour Ă  tour pour la TOUTE PREMIERE FOIS TOUTE TOUTE P
PREMIERE FOIS TOUFFES FOUTRE FOUTU FUTRE FAUTE FATRAS FUCK en l’air, ma pensĂ©e plus claire, sauve comme un coup d’éclair Ă©claircie.
Il faudrait que je dĂ©blaie cette friche surement fertile. Investissement Rentable. Faire que la friche devienne, « En faire quelque chose de bien », dicter Ă  soi mĂȘme la bonne conduite, faire profit, un temps, le tenir en vie. Foutu pour foutu fautes fuck salades autant l’investir Ă  condition de signer tout, mĂȘme les mauvais contrats. Sous le signe cyprine de l’aliĂ©nation, bien que je ne sois plus vierge. Pas le choix pour rester respectable rien Ă  foutre j’espĂšre devenir un jour confortable. 12m2 d’estime de soi, ça fait peu pour s’accrocher. Alors divertir, mais de quel cĂŽtĂ© ? se divertir, divertissant, n’importe qui, tout ne pas rester concentrĂ©, la distraction de nos vĂ©ritĂ©s intimes jusqu’à ton propre patron. N’oublies pas de garder le sourire, touffe.

Article du Monde, faut pas ĂȘtre trop sensible aux informations en ce moment; depuis longtemps dĂ©jĂ , je ressasse les cactus, les salaces salades thon mayonnaise club sandwich dĂ©gueulasse inhĂ©rent Ă  notre mode de vie et nos besoins masquĂ©s au quotidien. C’est d’ailleurs plus ou moins le titre de l’article.
Sur un coin de table, il y a un livre que je n’ai jamais terminĂ©, parce que le duo de Simone et Jean Paul il est plombĂ©. Seule cette phrase me revient «ma libertĂ© est ma responsabilitĂ© », dans la Force des choses. Je m’approche sans arriver Ă  venir Ă  bout de toutes les dimensions de notre existence. Elles Ă©chappent Ă  ma description, j’ai peur que la seule chose que j’atteigne soit de devenir un objet. Un objet femelle sous contraception.
Le mot objet couche Ă  cĂŽtĂ© du nom d’une icĂŽne fĂ©ministe. A plat.
La condition de la femme est en prise avec capitalisme oĂč rĂšgnent les esclaves du patriarcat. Il forme des mĂąles esclaves, et sous couvert d’égalitĂ© n’épargne ni les femmes, ni les enfants. A bord, tout le monde se noie.
LE FEMINISME N’EST PAS UN SOUCIS D’ EGALITÉ ( Ă  savoir je ne souhaite pas plus ĂȘtre la semblable de mon pĂšre que celle de ma mĂšre), mais plus de mes amis, oui mes amis, ressembler Ă  ceux que j’aime. Le fĂ©minisme n’est pas une affaire d’égalitĂ© carriĂ©riste et d’une quantitĂ© d’argent supplĂ©mentaire dans le foyer. Le foyer c’est lĂ  OĂč BRULE LE FEU, gardiennes du feu, rĂ©veillons nous.
Je veux que le prisme Ă©conomique change de caisse et de tĂȘte. Mets un masque, prisme. Et vas te faire foutre au coin du feu.

SOIT ON LES VOLE, SOIT ON LEUR COUPE, faut encore trancher en buvant des coups.
JE N’AI PAS D’INSTINCT MATERNEL
LES BOULES DE CRYSTAL GROSSES COMME DES PAMPLEMOUSSES
JE VEUX PLUS D’ARGENT
JE T’AIME SALOPE et/ou JE T’EMMERDE CONNARD
Le fĂ©minisme ne peut ĂȘtre entretenu dans un cadre ou le travail est symbole d’accumulation de biens bien biens bien triomphe de phalope trompe la touffe Ă  truffe, source d’émancipation populaire, tout le monde est lĂ ? On peut y aller? Prenez garde, systĂšme, les femmes ne sont pas plus fidĂšles que les hommes, je n’appartiens et n’ai jamais Ă©tĂ© qu’à moi.
JE SUIS EN TERRE À TERRE sur le vieux monde qui s’établit et dans une sociĂ©tĂ© qui tend Ă  Ă©puiser petit Ă  petit mes possibilitĂ©s vitales. J’ai soif et j’ai la dalle en ces troubles vitaux, je persiste Ă  croire aux ambitions dionysiaques que je vois sur les vitraux.

Je vous laisse, c’est l’heure de la fĂȘte et je suis comme un mafieux qui va retrouver ses hommes de main pour combattre notre Ă©poque dans une milliĂšme bataille.

je fais faire, je fais des vas et viens, je m’agite et je me fatigue, produisant Ă  perte des sortes d’actes affectifs Ă©phĂ©mĂšres et immĂ©diats. Je ne crois Ă  rien qui puisse durer, Ă  aucun Ă©tat unique,
Ă  aucune constance.
Je cherche à attirer l’attention en parlant fort de moi, je veux me faire remarquer en provoquant de nouvelles situations dans le sens positif du terme : Naive.
Je rĂȘve de multiplier les scandales pour inscrire des nouveaux comportements sociaux inadaptĂ©s, mis de cĂŽtĂ©. Sur un terrain de bĂ©ton, je teste les limites permissives dans la nuit parfois avec quelques degrĂ©s en plus pour,
relĂącher la pression, des compresses d’alcool pour, plus de courage et se lancer dans les dĂ©fis intimes de la vie. Je travaille Ă  partir d’états seconds qui transite vers des Ă©tats premiers. Je redeviens primitive, animal rĂ©vĂ©lant Ă  la fois la puissance la plus forte et la vulnĂ©rabilitĂ© la
plus profonde.

Je suis Fan de Paradoxe et souffre quelquefois de dĂ©so-rientation. Je produis du cumule qui manque d’ĂȘtre canalisĂ©, des hybridations nĂ©cessairement chaotiques, des intensitĂ©s
jusqu’à des ambiances malaisantes, pourtant je me sens bien.
Mes productions manquent cruellement d’humour alors que je suis drĂŽle. Quand je me dĂ©fends en tant que femme, c’est en rĂ©pondant je t’encule justement parce que mon sexe n’est pas masculin. Parce que j’aime les Ă©ruptions/irruption, les chaines qui consistent Ă  former des rĂ©actions.
A Agir au quart de tour.
Tout ou presque est rapide et éphémÚre mais quelque chose résonne encore, quelque chose qui résulte de cette dépense : de ne rien valoir en restant fiÚre de rester (vaine) en perdurant.
Il m’arrive de faire n’importe quoi, des trucs dĂ©biles lorsque que je suis soit heureuse soit dĂ©sespĂ©rĂ©e.
Je revendique les exhibitions corporelles et sentimentales, de se foutre Ă  poil sans prendre froid aux yeux. En vrai, je voudrais ĂȘtre intense.

BOBALARRETT · Amer Opening Vstreet



























est publiée à chaque nouveau cycle lunaire. Cette newsletter présente les investigations, fouilles, éruptions, études, improvisations et découvertes du comité éditorial mɐgmɐ.

Noyés debout,

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